Commémorer la libération de Paris en ce 71ème
anniversaire, c’est avant tout se souvenir de ces hommes et de ces femmes qui
par leur engagement au sein de la résistance française ont permis que vive la
France libre et que le nazisme fut écrasé par les armées alliées.
Laissez-moi penser, aujourd’hui, à nos glorieux
ainés qui décidèrent dès l’été 1940, de s’engager dans le combat contre les
nazis, de manière idéologique en diffusant journaux, tracts, ou en peignant sur
les murs les slogans hostiles à l’ennemi occupant la capitale, ou de manière
violente en prenant les armes ou en posant des bombes. Tous, au nom d’un idéal
qui guidait leurs actions entrèrent dans la grande histoire de la résistance.
Pourtant les risques étaient grands, la clandestinité, le danger permanent de
se faire arrêter et fusiller. Pourtant ces hommes et ces femmes décidèrent
qu’il fallait se battre, qu’il fallait que leur pays retrouve sa liberté et que
toute l’horreur de la barbarie nazie cesse par tous les moyens. Ils furent
nombreux à tomber, et ce bien avant les combats ultimes de la libération,
comment ne pas penser à Jean Pierre Timbaud, Jean Poulmar’ch, Guy Môquet
exécutés à Châteaubriant, ou encore les 23 du groupe Manouchian qui comme
l’écrivit Aragon étaient «étrangers mais nos frères pourtant », je
n’oublie pas Corentin Celton notre camarade dénoncé par le directeur général
Gas.
Leurs sacrifices, ne furent pas vains, puisque
d’autres se levèrent et poursuivirent le combat contre le nazisme et les
collabos de Vichy qui compromirent la France dans la pire idéologie qui soit.
Les combats pour la libération de Paris
commencèrent par la grève des cheminots le 10 août, suivi le 13 par les gendarmes
et les employés du métro, la police le 15 et enfin la grève générale débute le
18 août en même temps que l’insurrection des parisiens, des barricades sont
montées et les combats de rue contre les positions allemandes débutent. Ces
actions à l’appel du colonel Rol Tanguy, chef des FTP-FFI pour la Seine
permettent la prise de la préfecture de police le 19 au matin, le siège de
l’APHP est lui libéré le 20 août par le personnel et la résistance qui occupent
les lieux et s'organisent pour que les hôpitaux fonctionnent correctement
pendant cette semaine cruciale pour la libération.
Enfin, la 2ème DB du général Leclercq arriva et
acheva de libérer la capitale, et le 25 août le général nazi commandant la
garnison de Paris signait la reddition de l'armée allemande.
Paris était libérée, libérée par le peuple!
Dès lors, il fallait entreprendre la
reconstruction et la constitution d'un gouvernement provisoire. Très vite, fut
décidé la mise en place du programme du Conseil National de la Résistance
(CNR).
Ce document élaboré par le CNR en mars 1943,
définit les mesures à prendre dès la libération du pays, la nationalisation des
moyens de production, des banques et assurances, de l'énergie, des comités
d'entreprises, le statut de la fonction publique, la liberté de la presse, la
liberté syndicale, la création de la sécurité sociale…
La sécurité sociale, dont nous fêtons les 70 ans cette année
et dont la philosophie majeure était de cotiser selon ses moyens et de recevoir
selon ses besoins,
70 ans ont passé, que reste-t-il de l’héritage de nos
glorieux ainés ?
Tout cela a été mis en place dans une France en ruine qui a
su trouver les moyens d’obtenir ces avancés sociales historiques privilégiant l’humain
plutôt que le profit des capitalistes.
Ces mesures sont devenues le socle du modèle
social français, qui constitue encore aujourd'hui la base de la démocratie
sociale de notre pays.
Force
est de constater que malheureusement depuis 2012 il n’y a pas eu de changement.
Les gouvernements successifs ont continué dans la même voie de restriction du
périmètre du système solidaire et de réduction des dépenses de la sécurité
sociale.
Le
pacte de responsabilité a amputé de 9,6 milliards d’euros les recettes 2015 de
la sécurité sociale, du fait des cadeaux sous forme d’exonérations de
cotisations patronales. De même l’instauration de la modulation des prestations
familiales a été un cout supplémentaire porté à la sécurité sociale.
Il
faut souligner que ce pacte de
responsabilité a entrainé un plan d’économies pour la santé de 3 milliards d’euros avec pour conséquence la
suppression de 25000 emplois dont 4000 pour l’APHP avec des fermetures
programmées de services et d’hôpitaux (Villemin Paul Doumer – Charles Richet
etc…)
Il
n’est plus possible d’accepter que continue de se développer la misère, la
précarité, l’exclusion à une vitesse effrayante, que des millions de personnes
ne puissent se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner.
L’USAP
CGT et les personnels continueront de se battre et résister devant cette casse
organisée de l’offre de soins et de l’emploi en Ile de France.
La
modernité et l’ambition sociale ont toujours été du côté des travailleurs. La
journée de 8 heures en 1919, les congés payés en 1936, la 5éme semaine de
congés payés et la retraite à 60 ans en 1981, les 35 heures, ce sont ces
avancées qui vont dans le sens de l’histoire.
Aujourd’hui,
parler de la réduction du temps de travail c’est moderne, tout comme l’était à
l’époque la revendication de la journée de 8 heures : 8h de travail, 8h de
repos, 8h de loisirs.
L’avenir
c’est de travailler moins longtemps, mieux et plus nombreux. C’est avec la
reconnaissance des qualifications et l’emploi, une question essentielle pour la
transformation du travail et la transformation sociale.
Les
progrès technologiques et le chômage de masse imposent de repenser d’autres
organisations sociales. On ne peut pas continuer à avoir deux types de
populations : une qui souffre ou qui meurt parce qu’elle n’a pas de
travail et l’autre qui souffre ou qui meurt parce qu’elle a trop de travail.
Evidemment
cette proposition de réduction du temps de travail est à contre-courant surtout
dans un environnement où presque tout le
monde dit : Il faut réduire les dépenses, c’est l’austérité !, Tout comme
étaient à contre-courant des objectifs du patronat au début du 20éme siècle, la
revendication de la journée de 8 h.
Au
cours des jeudis de luttes de mai et juin 2015 pour la défense des 35 h à
l’hôpital public, la mobilisation n’a pas faibli : 8000, puis 10000 puis
15000 agents devant le siège de l’APHP. Et pour chaque manifestant, 3 ou 4
collègues grévistes assignés dans leur service. Du jamais vu depuis plus de 20
ans : une mobilisation historique.
Tout
ce qui est acquis ne peut être gardé que par la lutte y compris dans les idées.
Au
plan national et international les forces réactionnaires d’extrême droite
continuent d’avoir une influence et constituent un danger pour la démocratie et
les libertés dans notre pays.
Alors
cette commémoration doit servir à nous remémorer comment l’histoire a basculé dans
l’horreur, à nous rappeler ses prémices dans la société d’aujourd’hui, et nous
encourager à défendre un nouveau programme de résistance car le fascisme se
nourrit toujours du racisme, la
xénophobie, de l’intolérance, et de la
guerre qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Ecoutez
René CHAR qui nous disait :
« Mais
attention que ( …) ceux qui avaient choisi le parti du crime ne
redeviennent nos tourmenteurs, à la faveur de notre légèreté et d’un oubli
coupable. »
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